Il y a le jour où tout bascule. Une douleur lancinante s’insinue dans vos chairs, creusant un trou béant dans votre poitrine… Vous aimeriez hurler, pour la libérer, pour la faire disparaitre… mais rien…aucun son … en écho il y a juste le silence et toujours cette douleur qui vous dévore de l’intérieur. Votre souffle qui vous rappelle que non, vous n’êtes pas en enfer mais ancré dans une réalité bien trop cruelle.

C’est un dimanche matin comme les autres pour Ida et son maitre. La balade dominicale, c’est le moment qu’ils attendent avec impatience toute la semaine. Une longue balade de plusieurs kilomètres à travers les champs et les bois, pour se dégourdir, respirer l’air frais et profiter de la plénitude de la nature.

Ida, petite fauve de Bretagne âgée de 10 ans, renifle, fouille, découvre et redécouvre à chaque fois ce parcours qu’elle connait pourtant si bien. Un moment de liberté dont elle profite à fond parfois à plusieurs mètres de distance de son maitre, se dérobant au détour d’un fourré, d’un sentier. Qu’importe, elle n’est jamais bien loin et revient toujours sur ses pas, insouciante et heureuse.

Sauf ce fameux dimanche de janvier où la vie d’Ida bascule. Comme toujours, elle est revenue vers son maitre, mais pas en trottinant gaiement, oh non pas cette fois…. Mais mutilé, il n’y a pas d’autres mots, couverte de sang, des plaies béantes recouvrant son corps…Ida s’écroule aux pieds de son maitre, à bout de forces, la respiration faible, mais avec encore une petite étincelle de vie dans les yeux lui criant désespérément : je t’en prie sauve-moi !!! ? Cette vision d’Ida, ensanglantée, agonisante, son maitre ne l’oubliera jamais.

Pétrifié, projeté dans le monde de l’horreur, il est incapable d’effectuer le moindre mouvement.

Mais la réalité, tel un tsunami, le frappe de plein fouet et reprend rapidement ses droits. Il prend délicatement sa petite Ida dans les bras et rejoint son véhicule sans trop savoir comment …. Est-ce un cauchemar dont il peine à se réveiller ? Il n’en est rien… Après un laps de temps qui lui parait une éternité, il arrive à la clinique. Ida repose sur la banquette arrière, elle ne bouge pas. Elle est délicatement transportée en salle de soins. Les choses s’enchainement rapidement, gestion de l’état de choc, de la douleur, nettoyage des plaies. Son pronostic vital est engagé. Plusieurs plaies recouvrent son corps dont une particulièrement inquiétante longeant sa colonne vertébrale. Ses muscles ne sont plus qu’une bouillie de sang, certaines de ses vertèbres sont sérieusement endommagées. A ce stade, les risques de lésions neurologiques dus aux dommages causés à la colonne vertébrale sont inquiétants sans compter une possible nécrose des tissus vu l’importance des plaies. Des lésions vertébrales qui ne vont pas non plus nous laisser d’autre choix que de réaliser une caudectomie, sa queue est trop endommagée, il faut amputer.

Néanmoins Ida n’est pas décidé à quitter cette terre, son heure n’a pas encore sonné. Elle s’accroche à la vie, subit plusieurs interventions chirurgicales et pendant de long mois se soumet à des soins lourds. La cicatrisation des tissus est lente et douloureuse. Certains nécrosent…. Il faut désinfecter minutieusement, mettre en place un traitement antibiotique ainsi que des séances de laser pour aider les plaies à cicatriser. Une surveillance de tous les instants.

Ida encaisse, cette lueur dans le regard qui nous prouvent chaque jour qu’elle ne lâche rien et qu’elle gagne petit à petit le combat.

Le printemps arrive avec une petite chienne complètement rétablie. Cette bataille, on l’a menée et gagnée tous ensemble au côté d’Ida et son maitre. De longs mois ponctués de doutes, d’angoisse… Mais personne n’a rien lâché.

Peut-on croire au miracle ? Dans le cas d’Ida, la question ne se pose pas. C’EST UN MIRACLE. Pas un miracle de Noël mais un miracle quand même.

On ne saura jamais ce qui lui est réellement arrivé ce dimanche matin de janvier au détour d’une forêt… un animal sauvage, une mauvaise rencontre… L’histoire d’Ida nous rappelle seulement que le bonheur ne tient qu’à un fil, que la vie peut basculer en quelques secondes et qu’il faut profiter des êtres aimés chaque jour qu’il nous reste à passer sur cette terre… et pas seulement en cette période de fêtes qui nous le rappelle trop bien.